Damien Tomasi

Damien Tomasi

La Vitrine de la Patrie face au Reich. Les militants républicains et les militants du mouvement ouvrier dans l’espace public à Nancy (1880–1914)

 

La famille républicaine accède définitivement au pouvoir en 1879 avec l’arrivée à l’Elysée de Jules Grévy et entame alors une politique de légitimation et de ‘républicanisation’ sur l’ensemble du territoire national. Le mouvement ouvrier connaît quant à lui un essor important à partir de 1890, avec l’apparition puis l’omniprésence de la question sociale. Cependant, ces deux composantes politiques connaissent, à Nancy, des situations bien différentes. La municipalité républicaine est peu dérangée par le mouvement ouvrier qui peine considérablement à se constituer et à se structurer (principalement à cause du paternalisme, des œuvres religieuses, de la mésentente entre citadins anciens et néo-arrivants et du rejet de l’antimilitarisme).

Dans ce contexte, nous tenterons de cerner l’ancrage territorial des militants républicains dans l’espace public d’une ville dont ils tiennent les rênes. Nous essaierons également de localiser le mouvement ouvrier bien qu’il n’en soit encore qu’à ses débuts et que, compte tenu du rapport de force, il soit contraint de limiter sa visibilité ou d’en définir les caractères et les moyens. Ainsi, la bataille qui s’engage à Nancy pour l’occupation de l’espace public peut être considérée comme illusoire si, à ce sujet, le dernier mot revient très fréquemment au pouvoir municipal. Dans ce cas l’occupation militante de l’espace public ne serait que le reflet d’une politique, imposée d’en haut, reproduisant les divisions sociales et politiques.