Le Projet
Dans une longue interview accordée au New York Times, quelques jours avant la fin de sa présidence, Barack Obama plaidait en faveur de récits capables de créer des conditions d’émergence d’une humanité solidaire : « Alors que nos politiques déploient beaucoup d’efforts pour gérer le choc des civilisations provoqué par la mondialisation, la technologie et les migrations, le rôle unifiant des récits est plus important que jamais ».
Minor Universality vise à apporter une contribution substantielle au débat actuel sur le problème de l’universalité après l’universalisme occidental. En effet, il est primordial de comprendre comment l’universalité se produit, car notre époque est doublement marquée par une signature relativiste – la critique politique et épistémique nécessaire de l’universalisme occidental d’une part, les diverses revendications identitaires allant de l’altérisation culturelle aux mouvements néonationalistes d’autre part. « Y a-t-il quoi que ce soit qui puisse nous rattacher à d’autres avec lesquels nous pouvons déclarer que NOUS sommes ? », s’interroge Achille Mbembe.
À ce niveau, la narratologie générale apporte une réponse décisive : s’il revient au potentiel véritablement anthropologique du récit de revendiquer un monde comme un ensemble à partir d’un cadre singulier, la narration crée des moyens d’élargir des contextes concrets vers des expériences d’une humanité partagée. Cela peut être analysé dans la littérature, dans un champ épistémique au-delà du livre et dans les pratiques sociales faisant partie des migrations mondiales. Les débats conceptuels tels que celui sur la littérature mondiale abordent la question par le biais de canons et de légitimités ; au contraire, le présent projet déplace le débat vers la production d’une universalité au sein des pratiques culturelles qui informe notre compréhension du monde contemporain : Comment et avec quels moyens les productions culturelles contemporaines telles que les littératures, les films et les réseaux sociaux, les festivals et événements littéraires et culturels, les architectures et les musées, ouvrent des contextes locaux de manière à faire émerger une nouvelle conscience sensible, incarnée ou intellectuelle d’une humanité partagée ?
Dans une des célèbres conférences TED, Chimamanda Ngozi Adichie affirme qu’une histoire unique conduit à des simplifications dans la compréhension de l’autre. Au sujet de l’impact de l'universalisme occidental sur d’autres cultures, qui considère les idées et les concepts occidentaux comme universels, l’écrivaine souligne la sous-représentation de nombreuses cultures dans le récit universaliste. Ce fait nous rappelle également qu’une nouvelle conscience du monde se forme en marge des discours dominants : C’est cela qu’il s’agit d’interroger pour enrichir les débats nécessaires sur la réparation, notre vivre ensemble et la question des communs.
Sur la base de lectures approfondies et d’études de cas de nature qualitative, le projet revient sur le tournant matériel et médial de l’analyse culturelle pour repenser les processus de prise de conscience et d’action. Il explore également de nouvelles façons de penser le rôle de la narration dans la formation des imaginaires civils de notre monde et de fournir des moyens d'aborder l'universalité dans les débats publics axés sur la justice et la légitimité au sein de la société mondiale.
Minor Universality travaille en coopération avec des collègues du monde entier. Quatre antennes partenaires à Hong Kong, Mexico, Tunis et Berlin (HKW) ont participé à l’élaboration du présent projet et travaillent en étroite collaboration avec l’équipe basée à Sarrebruck.
Plus d’informations sur l’équipe de recherche et les partenaires
Les publications phares de Minor Universality paraissent dans la collection « Beyond Universalism. Studies on the Contemporary / Partager l'Universel. Études sur le contemporain » publiée chez de Gruyter (Berlin, Boston).
Pour en savoir plus sur la collection
Contact
l'Équipe
minor.universality(at)uni-saarland.de
Markus Messling (Directeur du projet)
markus.messling(at)uni-saarland.de