Urban borderlands en périphérie de la Métropole du Grand Paris
Une conceptualisation de la théorie du discours entre perspective macro et micro
En interaction avec la métropolisation qui s’institutionalise au profit du “Grand Paris”, l’agglomération de Paris se voit confrontée récemment à de grands chamboulements: des communes au-delà du noyau urbain dans les banlieues se transforment en de nouveaux Hotspots du développement de la ville “ vers une urbanisation dans le suburbain” – actuellement en particulier dans le nordest dans le département Seine-Saint-Denis (93) le long du canal de l’Ourcq de la Plaine de l’Ourcq. Sur des terres en friche à proximité et au milieu de parcs immobilier de la période industrielle, de construction de grands logements, de ventes au detail, de commerces et d’industrie pérenne, il se met en place un mélange postmoderne de constructions de logements, de complexes de bureau et de zones de shopping comme “extension” future du noyau citadin de Paris – en lien avec des craintes colportées par les media concernant une gentrification de banlieues d’ouvriers anciennement “multiculturels” subventionnés par la politique de la ville spécifique aux "banlieues d'ouvriers". Il s’en suit une gestion complexe, insuffisamment recherchée de manière systématique entre l’image ancrée dans la société, les attributions (re)produites médiatiquement, les objectifs politiques, économiques et en matière d’organisation ainsi que le vécu divergeant des changements par les habitants de longue date et la population ayant récemment aménagée.
Deux objectifs centraux et liés entre eux en découlent grâce au projet de recherche subventionné par la communauté allemande de recherche:
- Les chamboulements en cours sont analysés de manière approfondies au profit d’une densification supplémentaire avec des effets sur les formes de représentation fonctionnelles et concernant les constructions ainsi que les styles de vie en corrélation avec l’arrangement esquissé.
- L’accès théorique et conceptionnel est formé par une perspective de recherche post-structuralistique et d’une théorie du discours selon Laclau et Mouffe, qui, en mettant l’accent sur les hégémonies efficaces et paralèllement sur des décalages potentiels, doit vivre une conceptualisation élargie et précisante: des démarcations variées – physiques, administratives, sociales, individuelles etc. – acquièrent de l’importance, qui, par le lien avec la théorie du discours, peuvent obtenir une fondation avec les travaux des borders studies. Jusqu’à présent, il n’avait pas été accordé beaucoup d’importance à l’interaction entre les discours de la société et les discours subjectivisés, ce qui implique qu’un point de départ adapté doit être expérimenté par la suite.
De cette manière, les “urban borderlands” le long du canal de l’Ourcq peuvent être determinés de manière discursive entre la perspective macro et micro et des impulsions théorique-méthodique pour la recherche sur le discours.
L'analyse des discours et des frontières de la Plaine de l'Ourcq se fait de manière empirique par l'analyse d'articles sur le canal parus dans les quotidiens français Le Monde, Le Figaro et Le Parisien, ainsi que par 31 interviews d'experts, d'entretiens approfondis et de "walk alongs", des promenades de recherche, avec 17 habitants. Vous trouverez en bas un aperçu partiel des entretiens menés.
Perspectives d'expert(e)s
Extrait d'interview
B: Moi, j'aime bien m'intéresser justement aux évolutions aussi urbanistiques en matière d'urbanisme de la Seine-Saint-Denis, et en voyant ce qui se passait avec la Plaine de l'Ourcq, nous, on s'est dit voilà, il y a un quartier qui arrive le long du canal avec 10 000 habitants qui vont s'implanter sur quatre ou cinq ans et sur cinq villes différentes entre Pantin et Bondy, puisqu'il y a Pantin, il y a Romainville, un petit bout à Romainville, il y a Bobigny, Noisy-le-Sec et Bondy. Donc ça fait cinq villes, 10 000 habitants qui s'implantent sur cinq villes. En gros, c'est la création d'une nouvelle ville dans cinq villes différentes. Donc il y a des enjeux énormes en termes de lien social, de mixité et de vivre ensemble. […]
I: Je me demandais comment percevez-vous maintenant l'espace autour du canal de l'Ourcq avec tous les changements ?
B: Comment on appréhende ces changements-là ? C'est ça ?
I: Oui, la perception du changement maintenant.
B: Bien [Pause 3 Sekunden], c'est un peu partagé. D'un côté, je pense qu'il y a une vraie volonté politique des collectivités dans Est Ensemble. Il y a eu… on va dire, le département a été précurseur. Le conseil départemental a été vraiment précurseur de ces changements-là, avec les parcs, notamment avec la question du canal. Ils ont été vraiment les premiers à accompagner ces changements et à les développer avec les acteurs locaux, globalement. On peut trouver à redire, on peut toujours trouver des choses qui ne se sont pas bien faites. Mais globalement, ça a été une vraie volonté et ça a été globalement une envie de bien faire, même si tout n'a pas été parfait. De toute façon, personne n'est parfait et ce qui compte, c'est l'envie d'aller plus loin et c'est l'envie de développer les choses. Donc le département a vraiment été le premier à impulser cette dynamique, ces changements autour du canal et autour des parcs. Et ils continuent à le faire. Il y a des projets vraiment ambitieux avec la création d'un bassin, ils vont faire un plan d'eau dans le parc de la Bergère, donc ils vont creuser une ouverture dans le canal. L'eau du canal va rentrer dans le parc et ils vont faire un plan d'eau naturel pour que les gens puissent se baigner, faire des activités aquatiques nautiques tout au long de l'année, ils vont rénover un certain nombre d'espaces dans le parc. Ils vont mettre plus d'activités sportives. Voilà donc on peut vraiment, ils font des choses extrêmement intéressantes et qui ont beaucoup de sens pour l'avenir, notamment avec les enjeux de réchauffement climatique puisqu'il va faire de plus en plus chaud et donc qu'il faut anticiper la vie dans nos villes et avoir des espaces naturels qui soient vraiment préservés et qui permettent aussi à la population d'avoir de la fraîcheur, de l'ombre, de la nature, se baigner, etc. Ensuite, on a eu quelques villes qui ont commencé aussi à se pencher là-dessus, comme la ville de Pantin. Maintenant toutes les villes globalement ont pris en compte en tous les cas sur le territoire, Est ensemble des villes se sont mises un peu aussi à se tourner de nouveau vers le canal. Et puis Est Ensemble, je ne sais pas si vous connaissez Est Ensemble ? Est Ensemble c'est une collectivité qui regroupe neuf villes, c'est un établissement public territorial et Est Ensemble depuis notamment deux ans avec la nouvelle mandature, le nouveau président il en a fait sa priorité du mandat. Le canal de l'Ourcq et la promenade des Hauteurs, ce sont deux priorités de son mandat. Et donc il impulse une accélération, on va dire, de l'aménagement de la Plaine de l'Ourcq, à la fois sur le plan de la ZAC, de la livraison de la ZAC Plaine de l'Ourcq, Écocité, mais aussi de toutes les activités qui y sont liées en matière de loisirs, d'environnement et de sports. Donc, du coup, ça, c'est extrêmement positif pour le territoire parce que on va vraiment avoir des projets qui vont se développer, comme nage ton Canal, comme le trail. […] Donc il y a plutôt une dynamique très intéressante autour du canal. Évidemment aussi avec l'urbanisme, la rénovation urbaine parce qu'avant ici, c'était que des usines désaffectées. Il y a cinq ans encore, c'était des terrains vagues, pollués. C'était très sale et donc ils ont, ils ont réhabilité pour en faire des lieux de vie, d'habitation.
Extrait d'interview
B: Alors ça, c'est vraiment mon travail. Donc déjà, moi, je ne suis pas tout seul. On est nombreux pour faire ce travail-là. Donc on est une équipe de six. Donc, j'ai des collègues qui s'occupent. Voilà par exemple vous voyez tout ce qui est en jaune, c'est des projets d'aménagement. Tout ce qui est en violet, c'est des projets de renouvellement urbain. Donc ça, c'est d'autres collègues. Et puis nous, on travaille aussi beaucoup sur ce qu'on appelle les futures centralités. Donc, Raymond Queneau, La Folie, Pont de Bondy, à chaque fois ça faille sur trois communes et à chaque faille sur des zones d'aménagement, donc, en fait, on lance des études urbaines pour faire travailler ensemble les communes et déterminer l'aménagement dans dix ans de ces trois pôles qui font la jonction avec les anciennes, les anciennes opérations d'aménagement. Et on travaille aussi de plus en plus là où vous voyez, c'est pas en jaune, mais ça, un secteur à Bondy qu'on appelle avenue Gallieni Canal, où là aussi, on a une étude urbaine. Et puis vous voyez en noir les passerelles que l'on construit dans le cadre des projets. Donc les collègues travaillent fin. On travaille tous ensemble. J'essaye de faire en sorte qu'on travaille bien en équipe pour bah que ça soit coordonné, que ça avance. Après, on est nous, Est Ensemble, les communes. On est des collectivités de Seine-Saint-Denis avec peu d'argent et du coup bah quand même beaucoup de difficultés à financer tout le travail à faire.
I: Oui, oui, c'est vraiment un projet gigantesque, non ?
B: Bah les grands chiffres, alors, je vais vous laisser cette carte [aus kleinem Heftchen cartoguide] et je vous laisserai ça [Heftchen cartoguide von Est Ensemble über den Kanal] et dedans vous retrouvez un peu les grands chiffres. Voilà en gros pour résumer, souvent, on dit 10 000 logements, 500 000 mètres carrés d'activités, des gros équipements, sept passerelles, sept projets de transports. Mais ça, c'est tout ce qui se passera en gros entre 2015 et 2035. […] Ce qui est important, c'est que dans toutes les opérations d'aménagement, on vise 30 à 33 % de logements sociaux. Eux donc ils ne sont pas tous construits encore. Donc déjà, on est en Seine-Saint-Denis, donc que les cinq communes de la Plaine de l'Ourcq, elles ont toutes autour. Elles ont entre 40 et 66 % de logements sociaux. Peut-être la ville de Romainville, qui a un petit peu moins de logements sociaux, mais dans le nord de Romainville, donc dans le quartier Bas Pays Horloge, il y a, je ne serais pas dire la proportion, mais il y a vraiment une, fin, vous voyez là, le violet, c'est un quartier prioritaire avec plutôt des ménages pauvres. Et donc globalement, on est sur des communes qui ont beaucoup de logements sociaux. Donc après, pour savoir s'il y a des cibles de nouveaux ménages, il faudrait poser la question à des élus. […] Ce que je comprends des élus, c'est qu'ils veulent un rééquilibrage, c'est à dire qu’ils veulent quand même attirer des ménages qu’ont un petit peu d'argent, plus que la moyenne, pour pouvoir faire vivre des commerces et pouvoir ben diversifier les origines socio-économiques des habitants, dans les écoles, dans les équipements pour faire fonctionner les commerces. Mais il y a un vrai attachement à garder du logement accessible financièrement. Donc bah je parle de logement social. Mais de plus en plus, les élus nous demandent de travailler ce qu'on appelle le bail réel solidaire. Donc ça, je ne sais pas comment ça s'appelle en Allemagne, mais c'est quand on dissocie l'achat du foncier, de l'achat des murs, de l'appartement. Donc ça fait des acquisitions un peu moins chères parce que le foncier reste propriété d'une fondation publique.
I: Okay.
B: Donc on fait ça de plus en plus. Euh et puis, bah, assez classiquement, c'est souvent quand même ou des Parisiens ou des habitants de Seine-Saint-Denis qui commencent à avoir un enfant, deux enfants et qui font leurs premiers achats.
Extrait d'interview
I: Et quel rôle joue le canal de l'Ourcq dans cette transformation de Bondy ?
B: Alors le canal de l'Ourcq, ce qu'il faut savoir, c'est que bon, c'est un canal qui a 200 ans, qui a été créé effectivement sous l'ère napoléonienne pour normalement amener en fait l'eau sur la capitale, sur Paris. Et qu'en fait, pendant toutes ces années, ça a transformé bien sûr le territoire. Ça veut dire que ça a créé d'abord déjà une rupture, vous avez la carte de Bondy derrière vous et c'est assez typique. Si vous regardez la carte, si vous vous retournez […] Vous avez du sud au nord, vous avez une ligne de chemin de fer qui a été créée à-peu-près à la même période, qui fracture la ville du sud au nord. Vous avez le canal de l'Ourcq maintenant, aujourd'hui doublé par un axe qui est l'ancienne nationale trois, qui est maintenant devenue la départementale 963, c'est le département qui gère, mais qui crée une nouvelle fracture entre le centre-ville et le nord de la ville. Et si on regarde, on a aussi l'autoroute A3 qui s'est conçue dans la fin des années 60, début 70, qui crée aussi une rupture, une frontière à l'ouest parce que tous ces quartiers-là, ici, c'est encore Bondy. Ici vous avez une partie, c'est encore à Bondy, et donc vous avez aujourd'hui des fractures. Le canal de l'Ourcq, finalement, pour notre territoire, quand il a été créé, la ville n’était pas urbanisée comme ça, vous aviez que des champs quasiment, hein ? Vous aviez un bourg qui était grosso modo ici autour de l'église, qui est là. Vous aviez effectivement autour de la gare aussi un bourg, vous aviez beaucoup de champs. Tout ça c'était des champs et vous aviez quelques, quelques fermes, quelques maisons, mais c'était une ville qui était nettement moins forcément moins dense en deux-- il y a 200 ans quand elle s'est créée. Mais c'est quand même une première rupture en fait, sur un territoire, parce que c'est quand même, ça veut dire des ponts, ça veut dire une traversée. Donc c'est une première rupture. Et ce canal, en fait, en réalité, au-delà du fait qu'il transformait le territoire, c'est petit à petit devenu quelque chose auquel on a tourné le dos. On a tourné le dos dans l'aménagement des années 60, 70 parce que on a créé tous ces commerces le long du canal de l'Ourcq et le long de l'avenue Gallieni, avenue qu'on appelait à l'époque « la route du meuble » parce que vous aviez le premier magasin Darty qui s'installe ici. Vous avez le Conforama qui prend tout ça, en fait, sur quasiment. Vous avez le Bricorama qui est là. Vous avez quelques pauvres petites zones pavillonnaires qui malheureusement se sont trouvées être complètement coincées entre ces différents entrepôts. Parfois ces entrepôts, c'est pour certains, pour certaines petites boutiques, ce sont d'anciens pavillons qui ont été revampés avec des bardages en aluminium, en fait pour créer une sorte de petit entrepôt. Mais vous avez la structure du pavillon en fait derrière, toujours. Et en fait, cette transformation dans les, dans les années 60, 70 a créé ce qu'on a appelé « la route du meuble » et ça venait tourner le dos au canal. Le canal n'était plus du tout visible et potentiellement il n'y avait aucune ouverture, aucune fenêtre sur le canal. Pareil, de l'autre côté, on avait des friches industrielles, on a les centrales à béton qu'on a toujours aujourd'hui, mais qui ont été recentrées, relocalisées complètement à l'ouest, oui à l'ouest, à l'ouest, mais qui avant s'étendaient un petit peu sur tout le long du canal, là où on construit aujourd'hui les logements de la ZAC. Et tout cela vient en fait de la, de la nature juridique et donc réglementaire du canal de l'Ourcq qui appartenait en fait à la ville de Paris et aux Voies navigables de France, avec interdiction, normalement, de créer des ouvertures, donc des fenêtres, des sur le canal. Et en fait tout était, tout le canal était confisqué. C'est-à-dire que moi, quand je suis né à la fin des années 70 à Bondy, bah en fait le canal n'était pas un lieu de vie, n'était pas un lieu qu'on pouvait s'approprier. C'était, il était là, mais toute la ville s'était organisée, en fait, je dirais en tournant le dos à ce canal, même s'il y avait des chemins de promenade, les chemins de halage en fait, qui pouvaient être utilisés pour la promenade. Mais c'était finalement pas quelque chose qui était pensé pour être un lieu de promenade en fait et un lieu de vie. Il a fallu attendre en fait 2001 et l'élection de Bertrand Delanoë à la mairie de Paris, qui a décidé en fait de revendre à l'euro symbolique l'ensemble des parcelles qui étaient le long du canal de l'Ourcq aux villes. Et donc à partir du moment où on a pu se réapproprier les berges du canal et donc l'aménagement tout le long du canal, ça fait donc à peu près 20 ans, 21 ans maintenant, que on a des projets véritablement de réappropriation en fait du canal. C'est passé au départ par des volontés des villes. C'est-à-dire que nous, à Bondy, et notamment vers les années 2008, 2009, on a eu un projet d'Écoquartier, donc une ZAC qui était un écoquartier, dont on avait une assistance maîtrise d'ouvrage portée par un grand architecte, Philippe Grumbach, qui avait commencé à proposer une vision d'aménagement du canal de l'Ourcq pour la ville.
Perspectives des résident(e)s
Extrait d'interview
B: Oui alors eux [les grands-parents] ils ont vu Pantin changer puisqu'il n'y avait pas, je pense qu'ils ont vu. Là, il y a un supermarché Leclerc qui existe depuis. Il a été euh je ne pourrais pas dire mettons 20 ans, je n’en sais rien. Tu vois le casino où ils ont dû arriver ? Il n’y avait pas les supermarchés, ça a du beaucoup, beaucoup changé. Moi j'ai vu le si tu es interrogé sur le canal, j'ai vu le canal changer, vraiment se construire parce qu'avant là c'était un terrain vague, tout était un terrain vague. Là où il y a ces superbes immeubles avec des duplex un peu haut standing, les magasins généraux étaient en squatte. Enfin, c'était complètement délabré. Ils ont d'ailleurs restauré en respectant vachement l'architecture de départ qui est très belle, avec des baies vitrées et tout le monde, j'adore. Ils ont fait du ciment l'unité de l'unité. Voilà, donc tout ça, c'était une friche, c'était un peu dangereux. Même moi je n’y allais pas trop. Pantin. Là, c'est construit, c'est éclairé, le canal est aménagé et tout, mais c'était un peu dangereux avant. Et même dans le 19ᵉ, tu vas à tout le canal de l'Ourcq. […] J'avais un ami qui habitait, qui avait un appartement dans les immeubles dans le 19ᵉ et à l'époque ce n'était pas éclairé le canal et il y avait pas mal de populations errantes. Je pense qu'il y avait de la drogue, de tout. C'est parce que c'est un peu plus les années 80-90, c'est un peu plus noir aussi, c'est un peu plus trash. […] Et ça, ça a changé. Mais on. Je ne sais pas moi je dirais cinq ans, je ne vois pas le temps passer. Mais, sept ans, tu vois, c'est fulgurant quand, c’est fulgurant mais moi j'aime bien, j'aime bien. Sauf qu'ils n'ont pas planté assez d'arbres parce que tout le long du canal fin, il y a des grands arbres de chaque côté. C'est très, très agréable. Et là, ils ont refait, ils ont mis des petits arbustes, des petits trucs, des petits froufrou feuillus. [Lachen] Mais ce n'est pas un arbre, ce n'est pas un arbre. […] Il y a eu les Moulins de Pantin qui étaient euh qui acheminaient 30 % ou ce qu'on m'a dit, ce que je me rappelle. Je sais ma mémoire, euh je ne certifie rien, c'est grosso modo mais comme tu vois que c'est énorme [zeigt Grands Moulins bei Google Maps auf dem Handy]. Et en plus tu vois, il y a le petit truc comme ça. La petite, c'était pour déverser la farine dans les péniches, tu vois ?
I: Oui.
B: Et il a, acheminaient 30 % de la farine du blé pour Paris. Donc les magasins généraux, moi je l'ai vu, euh ben enfin je l'ai vu complètement délabré, tu ne voyais pas de vide, il n'y avait pas de fenêtres, c’étaient juste des étages ouverts. Il y avait, il y avait et je ne suis jamais rentré à l'intérieur. C'était dangereux, c'était une friche. C'est dangereux. Trop dangereux. Je n'ai pas trop, mais euh je ne sais pas trop. Je ne sais pas ce que c'était. Ce n’était pas en activité, donc l'activité industrielle et artisanale. L'activité industrielle et artisanale de Pantin, je ne l'ai pas connue, mais je suis arrivée parce qu'il y avait plein de choses, plein de choses. Il y avait, il y a une grande, les grandes serres, maintenant il y a des ateliers, je crois que c'est privé. Je crois que c'est il y a un mécène. Une fois j'étais allée, il y avait une grande expo avec plein de danseurs, d'artistes, d'Expo. Ils offraient des cocktails euh. Ils font des cocktails super [Lachen]
I: C'est bon.
B: Et il y a plein des ateliers mais avant c'était. Et alors ? C'est fou, je passe, je rentre à l'intérieur. Tous les bureaux sont en l'état. On dirait que t'as encore les photos et le nom des employés qui ont travaillé. Et tous les bureaux, on dirait qu'ils viennent de partir. C'est incroyable. Alors je crois qu'ils veulent le restaurer ou en fait. Je ne sais pas. […] Et eux, ils faisaient des gros tubes. Apparemment, ils fabriquaient des énormes tubes. Mais il y a eu, il y avait beaucoup comme il y avait le canal, je pense que. Et comme il y avait de l'espace, comme c'était en dehors de Paris, en dehors de la petite ceinture, puisqu'il y a la petite ceinture ne fonctionne plus. Mais tu sais, le petit train, donc j'imagine qu'il y avait à l'intérieur de Paris, ça fait comme une petite frontière. Maintenant il y a le périph, c'est pareil, tu vois, le périph c'est la frontière entre Paris et la banlieue. Mais euh, et mais il y a aussi des entreprises de meubles qui sont maintenant, je ne sais pas ce qu'il y a à l'intérieur, je ne sais même pas, c'est devenu des appartements. Tu vois ? Mais ça, ce sont des activités que moi je n'ai pas connu. C'était déjà mort si tu veux.
I: Ok, oui.
B: Là [zeigt Gebäude in Google Maps] c'est, je sais qu'il y a les ateliers Hermès qui sont très connus, où ils ont carrément, ils ont construit tout un pâté de maisons et il y a une place qui a été construite et le travail, surtout le cuir. […] Il y a aussi euh je ne sais pas Chanel, je n'ai pas trop vu ça, Je ne sais pas trop ce qui. Bien il y a du coup, les Grands Moulins sont devenus un siège important de BNP Paribas, donc c'est d'autres choses qui viennent et je ne sais pas si t'as regardé l'histoire de Pantin, je trouve ça magnifique mais euh au XIXᵉ siècle enfin c'était la campagne. Quand tu vois les photos, l'église elle était au milieu des champs et dans ma rue.
Extrait d'interview
B: Ici, c'est Noisy-le-Sec. À côté, c'est Bondy et juste à côté, à la passerelle blanche, c'est Bobigny. Voilà, mais ici, vous êtes vraiment sur Noisy-le-Sec.
I: Et, vous allez aussi, par exemple, dans le centre de Noisy-le-Sec ou Bobigny ?
B: Oui, je vais au centre de Noisy-le-Sec et je vais beaucoup à Pantin pour deux raisons : Noisy-le-Sec parce qu'on n'a pas tous les commerces qu'il faut dans ce quartier. On nous avait promis un Intermarché, je ne sais pas si vous êtes au courant, mais là où il y a notre parking, il y a une espèce de gros bâtiment, il y a une salle de sport au-dessus et normalement dessous ça devait être un Intermarché. Et il n'est toujours pas arrivé. Donc ça, ça fait partie des choses moins bien dans le quartier, c'est qu'on n'a pas de distributeur, on n'a pas de supermarché, donc, quand on veut faire les courses, on est obligé de partir quelque part. Donc soit on va à Bondy, soit on va à Bobigny, soit on va à Noisy-le-Sec. Après, c'est assez pratique, parce que ça, fin, ça reste quand même assez proche, mais oui, il y a quand même un lien avec Noisy-le-Sec.
[…]
I: Mais ça veut dire que vous pensez qu'un jour, le supermarché va venir ?
B: C'est-à-dire que, ça fait quatre ans qu'on attend, donc, moi, je suis quelqu'un qui est assez optimiste, donc j'ai tendance à dire oui, il va venir, mais c'est vrai qu'on commence à se poser de vraies questions, parce que les travaux, nous, on nous avait dit, c'est sûr, qu'ils allaient démarrer maintenant, et là, on a appris que c'était en standby. Donc, voilà ça, c'est les pouvoirs publics qui doivent aussi essayer de mettre un peu la pression quand il livre ce type de quartier, de faire en sorte qu'il ait suffisamment de commerce et de service public pour, pas qu'on soit obligé, pas que ce soit trop compliqué.
[…]
I: C'est bon, et vous avez dit que vous allez aussi à Pantin quelquefois.
B: Oui, pas mal.
I: Quelle est la différence entre les villes de Pantin jusqu'à Noisy ?
B: La différence, c'est que Pantin, ils se sont développés beaucoup plus, déjà, ils ont beaucoup de commerces, ils ont beaucoup de petits commerces, ils ont un bon fromager, une poissonnerie, un boucher, il y a un marché quasiment tous les jours, pour acheter de bons produits frais etc., C'est vraiment super et donc du coup il y a beaucoup plus d'animation qu'ici à Noisy. Et comme ce n'est pas très loin et qu'on peut y aller à vélo, on a tendance à y aller. Donc, Pantin, c'est un peu, moi si ah oui initialement, nous, quand on voulait acheter, ça faisait partie des villes où on voulait, mais c'est très cher. Donc on n'avait pas les moyens de partir à Pantin parce qu'on est, je crois, on était à 8.000 € du mètre carré. Donc ça fait quand même, ça faisait un peu cher. En plus, on était très jeune, ça n’aurait pas été possible. Mais, ici, c'était du coup le bon compromis, avec un prix au mètre-carré qui était accessible pour nous et avec un rêve, que ça devienne un peu comme Pantin quoi ?
I: Oui. Oui, ce n'est pas loin non plus.
B: Oui, ce n'est pas loin. Ce n’est pas loin du tout, mais c'est sûr qu'il y a plus d'offres, il y a plus de transport. Vous avez le métro, vous avez le RER, vous avez les commerces, vous avez beaucoup de bars, de restaurants, beaucoup d'animations donc, forcément, on a tendance aussi à vouloir en profiter.
Extrait d'interview
B: Les élus ont du mal à comprendre, c'est que le parc de la Bergère, il est petit et il s'occupe de Bobigny. Il y a tous les gens qui viennent de Paris, ils vont en vélo le long du canal, c'est sympa, ils ont raison, mais ils s'arrêtent au parc. Donc l'été, le parc là-bas où il y a les jeux pour enfants. Hum. Euh. L'aménagement est récent, elle a dû ouvrir il y a un an avec les nouvelles structures. Franchement, c'est bien hein ? Mais il ne faut pas y aller à 16 h quand il fait beau en week-end parce que là ce n’est pas possible pour trouver son enfant. Dans la marée des enfants. Ou alors faut vraiment des couleurs très, très flaschy. Parce qu'en fait c'est et là ce sont tous les nouveaux bâtiments qui sont construits, qui vont arriver, qui vont être aussi des familles et ça le faire comprendre aux élus, on a du mal, on a du mal à leur dire mais le parc de la Bergère, oui. Si tu vas maintenant, un jeudi à 10 h, il n’y aura personne, mais vas-y qu'on toutes les familles et là tu vas comprendre que c'est plein, plein, plein. Et du coup ce n’est pas possible, il en faut d'autres et en plus parce que vous les avez réduits, donc je ne sais pas comment seront aménagés en détail les autres, tout ce que Bobigny est en train de libérer entre le enfin, tous les bâtiments qui sont en construction autour de là-bas. Mais ça va être le même problème. Eux aussi vont avoir beaucoup, ils vont aller tous au parc, mais du coup ça va. Donc voilà. Et ça, vraiment la question de l'aménagement, surtout quand on parle beaucoup, il faut que les enfants, il y a une connexion à la nature, etc. Ou en tous les cas à être dehors et pas devant les écrans, c'est compliqué, il faut des espaces et là il n’y en a pas un chez lequel, ça été mal aménagé. Et c'est vrai que l'autre, moi je trouve que l'autre place où il y a la passerelle blanche, elle est beaucoup plus large. Et aussi dès que vos enfants jouent au foot, euh au milieu, ça gêne moins en fait parce que les habitations sont plus en plus à l'école d'un côté, donc euh donc ça fait moins de bruit, elle est beaucoup plus grande. Je trouve qu'elle a été vraiment mieux pensée. Pour le coup la place, la passerelle aussi, bon mais. Je ne sais pas, ce n’est pas le même prix de passerelle aussi, mais euh ça a été beaucoup mieux pensé qu’ici. Du coup c'est plus petit et malheureusement c'est un peu petit, un peu petit par rapport au nombre d'enfants qu'il y a et qui a besoin de sortir et de courir.
Walk Alongs
Extrait d'interview
B: Donc t'as ce choix-là de se dire euh moi j'habite quelque chose de calme et agréable, mais si j'ai envie, dans cinq minutes de par là-bas, je peux retrouver un parc qui est beaucoup plus bruyant, qui a beaucoup plus, avec plein de choses qui se passent, etc. Et du coup on arrive euh le bâtiment qu'on voit un tout petit peu, c'est le bâtiment BETC, dont je parlais qui est l'ancien bâtiment industriel aussi, qui était réhabilité en bureau, mais aussi un resto en rez-de-chaussée. Finalement, c'est un resto et qui fonctionne aussi comme un lieu de nos sorties le soir. Il y a un programme culturel qui s'y mettent et c'est à côté de ce bâtiment là qu'ils ont mis plusieurs péniches. Péniches qui font les concerts, les péniches qui font des restos et cetera. Et il y a un arrêt de métro qui est juste à côté. Donc euh il y a vraiment ce séquençage qui était bien pensé, qui est bien, moi, je trouve assez bien réussi, qui est beaucoup plus compliqué en fait aussi à mettre en place plus loin, parce que finalement euh BETC, c'est aussi un bâtiment qui a des bureaux, qui appartient à plusieurs groupes autour de comm, de la communication, donc tout ce qui est marketing, publicité. Et en fait euh, comme il y a le métro à côté, ça fait venir des gens travailler assez facilement. […] Et en fait ce qui est marrant, c'est que donc ce resto-là et surtout BETC, qu'il y a une grande terrasse de l'autre côté, c'est les gens, c'est des gens plutôt du quartier qui vont très souvent et très souvent ils arrivent en vélo. En fait, ça c'est pareil. Moi je trouve qu’il y a de l'espace. C'est les rares endroits dans la région parisienne où on n'est pas serrés, où on a de l'espace. On n'est pas long sur l'autre. On peut venir en vélo, à pied, avec une poussette, avec les gamins qui sur la place, il y en a les soirs, les parents avec les enfants, les parents qui sont, qui se retrouvent entre eux et les enfants au-delà de la place pour courir.
Extrait d'interview
B: Bah écoutez, là, je vais vous faire un petit tour pour vous montrer un peu le canal de l'Ourcq vers où on habite. Parce que notre quartier, bon on a beaucoup de chance. On a un point d'eau à côté, ça semble un peu à un petit fleuve quoi ? C'est génial ! C'est notre autoroute verte quoi ? C'est magnifique ! Pour nous, c'est super ! Le canal de l'Ourcq ben relie Paris et il va très, très loin. Il va à peu près à plus que 100 kilomètres dans les terres et il a 200 ans, à peu près 200 ans. Et c'est vrai qu'il y a, allez, on va dire, il y a 20 ans, 20 ans, 30 ans, ben c'était un peu délaissé, c'était beaucoup de friches industrielles et c'était la zone que personne, n'intéressait personne. Des gens venaient ici euh pour boire. C'était délaissé. Ce n’était pas pour les familles, ce n’était pas pour les enfants. Et puis, petit à petit, ben ça a commencé à. Je ne sais pas si c'est une mode ou. Mais comme on a commencé à parler de la biodiversité, de la nature et on commençait à dire que c'est vrai qu'on en avait un peu marre du béton et de tout voitures, des routes. Alors du coup, ben ça commence un peu à revenir un peu à la mode de chercher des coins tranquilles, des coins verdoyants. Et là, franchement, là, quand vous voyez, là, c'est agréable. C'est super. […] Voilà, comme vous voyez là, c'est des nouveaux bâtiments. Il y a beaucoup de programmes d'habitation là qui sont en train de se greffer. Et bien avant ici, il y avait des usines, des usines de traitement de métaux, des usines de bois. Et ben petit à petit, il y a des entrepreneurs avec l'aval de l'Etat et de la mairie. Ils sont en train de racheter ces parcelles et construire des promotions immobilières.
Extrait d'interview
B: Et là, on allonge le canal, il est à 200 mètres de nous. On est à côté. Et en allongeant le canal, on tombe sur la Villette. Il y a des choses à voir. Et après aussi, il y a juste à côté, il y a des sites, énormes. Et on a parlé un petit peu longuement, juste derrière, il y a des sites Hermès, c'est connu aussi dans le monde. Ce n'est pas la peine que j'explique ce que fait Hermès. Normalement, tout le monde le sait. Là, crois-moi, il a pris la moitié de Pantin. C'est là qu'ils fabriquent les sacs qui sont dans des magasins et tout ça. Comment on appelle ça ? […] Là, regarde, viens, on va passer par là. Si tu veux, on peut repasser là. Ce que je te disais, tout à l'heure, Hermès. Attends, regarde le bâtiment là.
I: C'est en jaune ?
B: Les deux, le marron et le gris. Ça, ce sont des ateliers.
I: D'Hermès ?
B: Des ateliers, ils fabriquent des sacs, des chaussures. J'en passe des meilleurs. Tu vois ce que je veux dire ?
I: Oui.
B: À partir du bâtiment, là. Tu vois le bâtiment, le marron ?
I: Oui.
B: Jusqu'à là-bas, jusqu'au bout, tout ça, c'est Hermès, mais des fois, il y a de la sécurité et tout. Il y a des caméras, d’ailleurs. […] C'est énorme. Ça, ce sont des ateliers. Ils viennent de le finir, mais bon. Ils vont mettre des ateliers, après, ici. Des ateliers de fabrication, tout simplement. Là, l‘école des cuirs.
- Direction générale du projet: Prof. Dr. Florian Weber
- Suivi du projet: Corinna Jürgens
- Collègues associés: Prof. Dr. Georg Glasze, Prof. Dr. Markus Hesse, Albert Roßmeier und Prof. Dr. Jean-Marc Stébé
- Partenaires de réseau: UniGR-Center for Border Studies
- Subventionné par la communauté allemande de recherche (DFG) - 460749144.